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Généalogie de la famille Bodelin
Généalogie de la famille Bodelin
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17 septembre 2007

Le colonel Pierre Bodelin durant la campagne de Russie

Extrait des Mémoires du sergent Bourgogne (Editions Arléa)

5 novembre 1812
" Le soir, nous arrêtâmes près d'un bois où l'on donna l'ordre de former des abris, afin de passer la nuit. Un instant après, notre cantinière, Mme Dubois, la femme du barbier de notre compagnie, se trouva malade, et au bout d'un instant, pendant que la neige tombait, et par un froid de vingt degrés, elle accoucha d'un gros garçon : position malheureuse pour une femme. Je dirai que dans cette circonstance, le colonel Bodel (diminutif donné au colonel Bodelin par Bourgogne), qui commandait notre régiment, fit tout ce qu'il était possible de faire pour le soulagement de cette femme, prêtant son manteau pour couvrir l'abri sous lequel était la mère Dubois, qui supporta son mal avec courage. Le chirurgien du régiment n'épargna rien, de son côté; enfin le tout finit heureusement. La même nuit, nos soldats tuèrent un ours blanc qui fut à l'instant mangé.
Après avoir passé la nuit la plus pénible, à cause du grand froid, nous nous mîmes en route. Le colonel prêta son cheval à la mère Dubois, qui tenait son nouveau-né dans les bras, enveloppé dans une peau de mouton; tant qu'à elle, on la couvrit avec les capotes de deux hommes de la compagnie, morts dans la nuit."

17 novembre 1812
" J'oubliais de dire qu'au moment où nous nous mettions en bataille la colonel avait commandé : " Drapeaux, guides généraux sur la ligne ! " ... " Pendant ce temps, et au moment où l'artillerie russe faisait le plus de ravage dans nos rangs, le colonel (il s'agit du colonel Bodelin) eut un pressant besoin (besoin naturel); la position et le lieu ne convenaient pas beaucoup pour une pareille besogne, mais, comme la chose pressait, il prit son parti et, se retirant à environ soixante pas du régiment et le derrière tourné à l'ennemi, il acheva tranquillement son affaire. Si quelque chose le gênait, c'était le froid, mais pour les Russes à qui il servait de point de mire, cela ne l'inquiétait pas, quoiqu'il pouvait bien les voir, et c'est en se relevant de cette position qu'il commanda : " Drapeaux et guides généraux à vos places ! "

 13 décembre 1812 - passage du Niémen lors de la retraite de Russie
" En attendant que nous puissions passer, le colonel Bodelin, qui commandait notre régiment, donna l'ordre aux officiers de faire leur possible afin que personne ne traversât le pont individuellement; d'arrêter et de réunir ceux qui se présenteraient. Nous nous trouvions, en ce moment, environ soixante et quelques hommes, reste de deux mille ! Nous étions presque tous groupés autour de lui. L'on voyait qu'il regardait avec peine les restes de son beau régiment; probablement que, dans ce moment, il faisait la différence, car, cinq mois avant cette épreuve, nous avions passé ce même pont avec toute l'armée si belle, si brillante, tandis qu'à cette heure, elle était triste et presque anéantie. Pour nous encourager, il nous tint à peu près ce discours, que bien peu écoutèrent :
" Allons mes enfants ! Je ne vous dirai pas d'avoir du courage, je sais que vous en avez beaucoup, car depuis trois ans que je suis avec vous, vous en avez, dans toutes les circonstances, donné des preuves et surtout dans cette terrible campagne, dans les combats que vous avez eu à soutenir, et par toutes les privations que vous avez eu à supporter. Mais souvenez-vous bien que, plus il y a de peines et de dangers, plus aussi il y a de gloire et d'honneur, et plus il y aura de récompenses pour ceux qui auront la constance de la terminer honorablement."
Ensuite il demanda si nous étions beaucoup de monde présent. "

 

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